Article de la dépêche du 12 juin 1975 Le Mystérieux et très vieil écu de Villelongue De Pierrefitte, nous avons reçu un très curieux dessin (ci-contre) que notre correspondant aurait découvert dans une liasse de vieux papiers et dont il nous demande la signification. Il est à présumer que la bande d’argent timbrée par cinq marges de sable rappelle une route ou cami (chemin) bordé de maisons, le tout sur fond bleu d’azur où sont posées les lettres I et M Quant au serpent ailé de sable sis au milieu du fond d’argent, il doit être la représentation du légendaire et immense reptile qui sortait des ondes du las d’Isaby pour dévorer les moutons pacageant sur les bords. Frédéric Soutras dans ses « Pyrénéennes » lui consacra une centaine de vers dont voici les plus sensationnels : « On dit enfin, j’en frissonne que des monts gris les soirs d’automne Guettant les voyageurs lassés, Il aspirait de son haleine Hommes, femmes qui, de la plaine, Arrivaient morts aux pics glacés. Je crois, Dieu me pardonne Que l’enfer le vomit, Le Serpent d’Isaby » |
Ceci posé, recherchons l’origine du nom de cette commune d’environ 2000 hectares de superficie, proche de Pierrefitte-Nestalas. Il fut mentionné sous l’orthographe « Via Longua, soit long chemin s’allongeant entre les ruisseaux d’Isaby et du Malin ; ce qui expliquerait la partie supérieure du dessin : chemin d’argent aux maisons placées sous un ciel bleu entre les secteurs : I (Isaby) et M (Malin) Mais selon les érudits recteurs Jubinal et Laffont, on devrait écrire : Villa Longua puisqu’il y aurait une ville où se tenaient des foires et marchés, fréquentés par la population de la vallée de Barèges. Reproduisons maintenant quelques-unes des notes fournies par notre aimable correspondant et celles relevées dans deux enquêtes faites en 1856 et 1898. Plusieurs grottes existaient sur le territoire de Villelongue, entre autres, celle d’Arribaout sur les parois de laquelle ont lit des noms écrits en arable et en anglais, remontant sans doute à l’époque où les Maures et plus tard les Anglais y exploitèrent des mines de plomb argentifères. Les montagnes du Nerbiou, de Caritou, du Pla auraient eu leurs filons argentifères tandis qu’au hameau d’Ortiac, une mine d’or fut trouvé au lieu-dit « Tuto d’Aouradé ». Au siècle dernier, on voyait à Villelongue, les ruines du Monastère de Saint Orens, suspendues de la façon la plus pittoresque sur les bords d’un affreux ravin. A côté, celles d’une église gothique dont la voûte s’éroula, il y environ une centaine d’années… et où on découvrit quatre rangs de tombes superposées les unes aux autres ». Enfin voici une appréciation fort élogieuse sur la population de la fin de XIXe siècle : « Les habitants de Villelongue ont les mœurs douce et polies ; ils sont intelligents, actifs et laborieux : l’instruction est appréciée et ils en reconnaissent toute l’utilité. Ils sont hospitaliers et accueillent avec cordialité l’étranger qui les visite : ils sont charitables et viennent en aide à ceux qui souffrent. Ils sont obligeants et aiment à se rendre utiles » (Serie T – Archives Départementales). Comme quoi Boileau avait raison d’écrire : «Il n’est pas de serpent ailé, ni de monstre odieux, qui part l’art imité ne puisse plaire aux yeux ». Celui de Via Longua et de Villa Longa, loin de nous avoir entrainé au fond du lac d’Isaby, nous aura permis d’inscrire cette sympatique agglomération sur la lite des blasons communaux haut-Pyrénéens. |